À ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique du syndrome de l’intestin irritable. Mais une nouvelle étude pourrait permettre d’en trouver un rapidement grâce à la découverte du mécanisme à l’origine de cette pathologie.
Des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco (États-Unis) auraient découvert le mécanisme à l’origine du syndrome de l’intestin irritable. Cette maladie, sans gravité, altère la qualité de vie de millions de personnes qui en souffrent, soit 5% de la population française. Leurs expériences menées sur des souris ont révélé la présence de cellules intestinales spécifiques - les cellules entérochromaffines - dont l’activation pourrait être liée au développement du syndrome de l’intestin irritable.
Zoom sur le syndrome de l’intestin irritable
Le syndrome de l'intestin irritable (aussi appelé colopathie fonctionnelle) est un trouble gastro-intestinal courant qui affecte les fonctions des intestins. Il est sans gravité mais occasionne une gêne importante. Le syndrome de l’intestin irritable touche deux fois plus les femmes que les hommes. Le diagnostic a généralement lieu entre 30 et 40 ans.
Les symptômes sont :
Des douleurs abdominales récurrentes (spasmes, brûlures, ballonnements) ;
Des troubles du transit intestinal (diarrhée et/ou constipation) ;
Un inconfort.
Comment le diagnostiquer ? Selon le Docteur Gérald Kierzek, "il faut consulter un médecin afin d’éliminer une cause organique. Une fois éliminée par une prise de sang ou une coloscopie, on peut parler de syndrome de l'intestin irritable”.
Les personnes concernées ont des intestins plus sensibles et de ce fait, réagissent mal à certains aliments qui ne provoquent aucune gêne chez les autres.
Les cellules entérochromaffines pointées du doigt
Les expériences ont révélé la présence de cellules intestinales spécifiques, dont l’activité pourrait être à l’origine de la douleur intestinale chronique et de la perturbation du transit, deux caractéristiques du syndrome de l’intestin irritable. Leur nom ? Les cellules entérochromaffines.
Cette sous-population des cellules entéroendocrines est chargée en grande partie de la régulation gastro-intestinale. Les cellules entérochromaffines (EC) tapissent l’intestin et détectent les stimuli qui provoquent la douleur. Elles s’activent lorsqu’elles sont exposées à des agents irritants. L’étude américaine a cherché à comprendre à quel point elles étaient impliquées dans la douleur viscérale.
Pour ce faire, les chercheurs ont activé les cellules EC des souris. Les acides gras à chaîne courte d’origine bactérienne, comme l’isovalérate, sont connus pour être des activateurs des cellules EC. Les chercheurs ont ainsi recouvert l’intestin d’un groupe de souris avec de l’isovalérate. Ils ont ensuite simulé des douleurs gastriques et des ballonnements chez les rongeurs pour voir comment réagissaient ceux traités à l’isovalérate et les autres.
Que s’est-il passé ? Les souris mâles traités à l’isovalérate étaient beaucoup plus sensibles à la douleur que les autres. Pour les femelles, toutes ressentaient la même chose. Ces deux résultats “suggèrent que les cellules EC des femelles ont une activité d’isovalérate de base plus élevée”, expliquent les chercheurs. Une explication au biais sexuel du syndrome de l’intestin irritable - qui touche majoritairement les femmes.
Après avoir mené une autre expérience, les chercheurs ont trouvé que les cellules EC pouvaient rester actives même après disparition des agents irritants de l’intestin. Le syndrome de l'intestin irritable serait donc dû à une activation prolongée des cellules EC : de quoi aider les scientifiques à l’élaboration d’un futur traitement…
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