Quand une artère est bouchée au point de bloquer la circulation sanguine et que l’angioplastie seule n’a pas permis de la désobstruer, l’athérectomie s’avère nécessaire pour éviter de graves complications. En quoi consiste-t-elle ? Quels résultats en attendre ?
Naturellement, avec l’âge, les artères du corps humain vieillissent, deviennent plus rigides et se calcifient : on parle d’artériosclérose. Mais certains facteurs (tabagisme, obésité, hypercholestérolémie, etc.) peuvent accélérer ce phénomène, qui correspond alors à un dépôt de plaques d’athérome (principalement composées de graisses) sur la paroi artérielle : on parle dans ce cas d’athérosclérose. "Au-delà de 50 ans, le calcaire et l’athérome sont tous les deux présents, c’est ce que l’on appelle une plaque athéromato-calcaire. Elle peut obstruer partiellement ou complètement l’écoulement de sang”, ce qui peut avoir des conséquences mortelles. Afin de limiter ces risques, une athérectomie peut être envisagée pour rouvrir les artères affectées.
Athérectomie : quelles sont les indications ?
Mise au point en 1987, il s’agit néanmoins d’une "solution de dernier recours", souligne le docteur Pierre Demondion, chirurgien cardiaque, thoracique et vasculaire. "Car avant cela, on peut recourir à l’angioplastie classique (dilatation de l’artère à l’aide d’un ballonnet gonflable) avec ou sans pose de stent (endoprothèse vasculaire)".
Pour autant, l’athérectomie, réalisée par un cardiologue interventionnel, n’en reste pas moins très pratiquée : "Ce sont des actes pluriquotidiens pour nous, affirme le Dr Sudre, les maladies cardiovasculaires étant de plus en plus nombreuses en France".
Alors quelle est la spécificité de l’athérectomie et pour quel type de patient est-elle utilisée ? Typiquement, l’intervention a lieu lorsque les calcifications sont très avancées et qu’elles "entraînent des symptômes chez les patients, qui sont souvent âgés, diabétiques, tabagiques, avec des antécédents familiaux et polyvasculaires (plusieurs artères touchées)", "On surveille ceux qui ont des maladies chroniques. En fonction du profil du patient et de ses facteurs de risque, on cible le dépistage."
Si "tout l’appareil cardiovasculaire est concerné", le cardiologue précise qu’il existe "trois sites de prédilection de l’athérome, qui sont le cœur (artères coronaires), le cou (artères carotides) et les jambes (artères fémorales)".
Le cas des artères coronaires
Lorsque les artères du cœur sont atteintes, "on sait que l’on doit avoir recours à l’athérectomie quand on diagnostique une sténose coronaire, qui se traduit chez le patient par une douleur thoracique (infarctus du myocarde), lors d’une épreuve d’effort et qu’il y a une souffrance cardiaque, ou lors d’une scintigraphie myocardique de dépistage s’il est diabétique". La réalisation d’une coronarographie (examen pour visualiser les artères coronaires) permettra alors de mettre en évidence "des lésions coronaires très sévères qui ne sont pas accessibles à un simple stent".
Le cas des artères fémorales
Dans le cas où les artères des membres inférieurs sont touchées, c’est l’apparition "d’une ischémie aiguë - une souffrance de la jambe causée par une artériopathie des membres inférieurs qui nécessite un traitement en urgence, sinon il y a un risque d’amputation - ou d’une claudication - crampe à la jambe au-delà d’un certain périmètre de marche car le sang n’arrive pas jusqu’au membre - qui mène à une indication de revascularisation via l’athérectomie".
Le cas des artères carotides
Quand les artères carotides souffrent, des maux de tête intenses et des vertiges peuvent survenir, symptomatiques d’un accident ischémique transitoire (AIT) ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Dans ce cas, une angioplastie classique sera réalisée, l’athérectomie étant contre-indiquée en cas de thrombus (caillot sanguin).
Quel est le principe de l’athérectomie ?
L’athérectomie est une intervention mini-invasive réalisée sous anesthésie locale. Si plusieurs techniques sont en cours de développement, la plus utilisée est l’athérectomie rotative, également désignée par le nom de l’outil utilisé, le Rotablator®. Un cathéter muni d’une petite fraise recouverte de diamants est introduit via l’artère fémorale. La fraise, en tournant à très grande vitesse (150 000 à 200 000 tours par minute), va pouvoir "forer la plaque calcaire pour la pulvériser. Grâce à cela, on va ensuite pouvoir repasser à l’angioplastie classique pour réparer l’artère" et permettre au sang de circuler à nouveau correctement.
L’intervention est-elle risquée ?
Le taux de réussite de ce type d’intervention est excellent, puisqu’il est "proche de 99 %". Les complications sont donc rares, mais peuvent toutefois être "gravissimes". Les principaux risques sont :
Une perforation, "l’artère étant souvent tortueuse, notamment chez la femme", explique le cardiologue. "Lorsque l’artère coronaire est touchée, cela peut mener à la tamponnade cardiaque, qui nécessite une opération en urgence", ajoute le Dr Demondion ;
Un blocage de la fraise, pouvant entraîner une occlusion de l’artère, "d’où l’importance que ce geste soit réalisé par un cardiologue expérimenté. Il saura juger si le risque de l’intervention est plus élevé que le bénéfice".
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